« Ironie, vraie liberté, c’est toi qui me délivres de l’ambition du pouvoir, de la servitude des partis, du respect de la routine, du pédantisme de la science, de l’admiration des grands personnages, des mystifications de la politique, du fanatisme, des réformateurs, de la superstition de ce grand univers et de l’admiration de moi-même… » (Proudhon).
Sans les uniformisés et les branchés, les bobos et les péquenots, les bigotes et les bigots, les accros du sexe et du loto, les amoureux transis et la « malbouffe »… le dessin d’humour n’existerait pas. Sans les expulsions et les décrets sommaires, l’horreur des guerres et les famines, les enfants violés et les enfants soldats, les marchandages et les otages, les intégristes de tout poil, les agités de la machette, les semeurs de terreur, les élections et le pouvoir d’achat, les Ray Ban et les Rollex, les godillots de la presse et les traîtres du PS… le dessin satirique n’existerait pas.
Au Paradis des paradis, le caricaturiste serait condamné à la contemplation béate : il ne pourrait même pas rendre le Beau plus beau… Mais Diable soit loué, il est sur Terre et largement abreuvé de bêtise et d’abjection !
Quel plaisir de brandir ses crayons et de se lancer à l’assaut de l’absurde ! Le caricaturiste se gausse de l’imbécillité commune, il lance à tout-va ses sarcasmes et ses indignations, il accroche des batteries de casseroles au postérieur des despotes ! Il est un combattant libre qui n’épargne personne. Pas même sa famille de pensée. Il déforme, pétrit, malaxe une image jusqu’à la rendre encore plus vraie que la vraie, pour faire trébucher l’hypocrisie et les certitudes.
Séduire pour mieux détrôner
Le dessinateur conçoit dans la solitude mais il cherche le regard des autres. Bien qu’il manie volontiers l’autocritique, il est un véritable cabotin. Il attire le lecteur, l’amène à éprouver le même gondolement de tripes, la même indignation ou la même émotion que lui. Il l’entraîne dans son dessin érigé en tribunal, il en fait un juré et inflige à l’accusé la peine capitale du ridicule. C’est dans ce rire partagé que réside son arme !
La recherche de l’idée
Le dessinateur suit assidûment l’actualité, trie et s’arrête sur ce qui sera le thème de son futur dessin. Il lui reste à trouver l’idée, celle qui devra témoigner efficacement de l’événement, celle qui aura un impact auprès du public, celle que 175 autres dessinateurs n’auront pas trouvée en même temps… Il n'est pas indispensable de provoquer ou de choquer mais il faut impérativement faire réagir. Sinon, c'est raté !
Alors il tourne, retourne, malaxe l’événement, l’associe à d’autres, le transporte de la Chambre des députés au tribunal des flagrants délires, du cabinet de Cyril Hanouna au Mur des lamentations, du bistrot de Borloo aux vaccins de Bachelot, de l'héritage d'un Yéyé chanteur au tweet d'un Donald Trumpeur… jusqu’à ce que le shaker donne le bon cocktail. C’est souvent de ce remue-méninges, de cette recherche désordonnée que jaillit la trouvaille. Ça peut être rapide lorsque l’esprit est libre et qu’il peut se tourner tout entier vers sa quête du gag. Ça n’est malheureusement pas toujours le cas...
Quand on est à peu près sûr d'avoir trouvé la bonne idée et qu'elle a un brin d’originalité, alors l’exécution du dessin devient une récompense !
Une bulle qui pétille...
S’il n’arrive pas, seul, à traduire le message de l’auteur, le dessin fait appel à la bulle. Tant mieux si l’on peut s’en passer, mais ce n’est pas toujours le cas. Alors, vive la bulle brève qu’on lit d’un seul coup d’œil avec l’ensemble du dessin ! La bulle comme un point d’exclamation, légère, limpide, piquante, pétillante, savoureuse. Le choix des mots et leur ordre, la brièveté et la concision en font la force. Dire les choses en douceur, insidieusement, manier l’euphémisme et la litote… pour le plaisir et l’efficacité ! «La délicatesse du chirurgien et les intentions du boucher», préconise Ronald Searle...
Alf
Sans les uniformisés et les branchés, les bobos et les péquenots, les bigotes et les bigots, les accros du sexe et du loto, les amoureux transis et la « malbouffe »… le dessin d’humour n’existerait pas. Sans les expulsions et les décrets sommaires, l’horreur des guerres et les famines, les enfants violés et les enfants soldats, les marchandages et les otages, les intégristes de tout poil, les agités de la machette, les semeurs de terreur, les élections et le pouvoir d’achat, les Ray Ban et les Rollex, les godillots de la presse et les traîtres du PS… le dessin satirique n’existerait pas.
Au Paradis des paradis, le caricaturiste serait condamné à la contemplation béate : il ne pourrait même pas rendre le Beau plus beau… Mais Diable soit loué, il est sur Terre et largement abreuvé de bêtise et d’abjection !
Quel plaisir de brandir ses crayons et de se lancer à l’assaut de l’absurde ! Le caricaturiste se gausse de l’imbécillité commune, il lance à tout-va ses sarcasmes et ses indignations, il accroche des batteries de casseroles au postérieur des despotes ! Il est un combattant libre qui n’épargne personne. Pas même sa famille de pensée. Il déforme, pétrit, malaxe une image jusqu’à la rendre encore plus vraie que la vraie, pour faire trébucher l’hypocrisie et les certitudes.
Séduire pour mieux détrôner
Le dessinateur conçoit dans la solitude mais il cherche le regard des autres. Bien qu’il manie volontiers l’autocritique, il est un véritable cabotin. Il attire le lecteur, l’amène à éprouver le même gondolement de tripes, la même indignation ou la même émotion que lui. Il l’entraîne dans son dessin érigé en tribunal, il en fait un juré et inflige à l’accusé la peine capitale du ridicule. C’est dans ce rire partagé que réside son arme !
La recherche de l’idée
Le dessinateur suit assidûment l’actualité, trie et s’arrête sur ce qui sera le thème de son futur dessin. Il lui reste à trouver l’idée, celle qui devra témoigner efficacement de l’événement, celle qui aura un impact auprès du public, celle que 175 autres dessinateurs n’auront pas trouvée en même temps… Il n'est pas indispensable de provoquer ou de choquer mais il faut impérativement faire réagir. Sinon, c'est raté !
Alors il tourne, retourne, malaxe l’événement, l’associe à d’autres, le transporte de la Chambre des députés au tribunal des flagrants délires, du cabinet de Cyril Hanouna au Mur des lamentations, du bistrot de Borloo aux vaccins de Bachelot, de l'héritage d'un Yéyé chanteur au tweet d'un Donald Trumpeur… jusqu’à ce que le shaker donne le bon cocktail. C’est souvent de ce remue-méninges, de cette recherche désordonnée que jaillit la trouvaille. Ça peut être rapide lorsque l’esprit est libre et qu’il peut se tourner tout entier vers sa quête du gag. Ça n’est malheureusement pas toujours le cas...
Quand on est à peu près sûr d'avoir trouvé la bonne idée et qu'elle a un brin d’originalité, alors l’exécution du dessin devient une récompense !
Une bulle qui pétille...
S’il n’arrive pas, seul, à traduire le message de l’auteur, le dessin fait appel à la bulle. Tant mieux si l’on peut s’en passer, mais ce n’est pas toujours le cas. Alors, vive la bulle brève qu’on lit d’un seul coup d’œil avec l’ensemble du dessin ! La bulle comme un point d’exclamation, légère, limpide, piquante, pétillante, savoureuse. Le choix des mots et leur ordre, la brièveté et la concision en font la force. Dire les choses en douceur, insidieusement, manier l’euphémisme et la litote… pour le plaisir et l’efficacité ! «La délicatesse du chirurgien et les intentions du boucher», préconise Ronald Searle...
Alf